L’intention peut paraître paradoxale : il s’agit de percevoir notre histoire personnelle en sortant de la logique du temps (chronologie) où le futur découle inexorablement du passé et où tout s’explique par un enchaînement de type « cause à effet ».
Ce travail nous appelle à exercer notre présence à ce qui advient.
Notre pensée ordinaire n’a accès qu’à ce qui est achevé. Elle est donc précieuse pour l’observation des faits passés, elle nous permet, par exemple, de raconter notre histoire. Par contre elle atteint sa limite quand nous lui demandons de saisir ce qui est vivant.
Elle peut expliquer comment les choses se sont enchaînées depuis la nuit des temps mais le vivant, ce qui est en train de venir, ne lui est pas ouvert.
Avec ce travail biographique nous tentons de regarder notre vie non seulement à travers le prisme du passé mais aussi depuis l’avenir, dans l’exercice d’une présence active à ce qui vient.
Nous attendons du regard rétrospectif qu’il nous rappelle comment, dans certains moments clés de la vie, nous nous y sommes pris pour faire le prochain pas. Quels sont les écueils que nous avons rencontrés, comment nous les avons abordés, quelles ressources nous avons mises en œuvre ? Et il y a beaucoup à apprendre sur soi dans cet exercice.
Dans cette pratique particulière de travail biographique, le regard rétrospectif est guidé par la connaissance de certains rythmes qui font partie des données propres à la vie humaine. Ces rythmes agissent sur nous durant notre vie au même titre que les rythmes de la lune, du soleil, etc. agissent sur la terre.
L’action de ces rythmes, si elle concerne chacun, n’est pas de même intensité d’un individu à l’autre. Leur connaissance permet d’apporter un éclairage particulier sur le cours de la vie sans pour autant réduire cette vie à une somme d’effets dus à ces rythmes.
Comme notre hérédité, notre culture … ces rythmes font partie des réalités de l’existence avec lesquelles tout individu est amené à dialoguer, parfois même à s’expliquer. Ce qui va particulièrement nous intéresser c’est de voir ce que cette nouvelle perception du chemin va permettre d’ouvrir comme possibilités d’interprétations du scénario singulier que l’individu est appelé à jouer.
Pourquoi faire me direz-vous ?
Les personnes qui veulent faire un travail biographique viennent avec des attentes très différentes, mais ce qui les caractérise toutes c’est qu’elles sont en train lutter avec certaines
questions, de s’expliquer avec certaines réalités de leur vie.
Sans questions il n’y a pas de quête consciente. Souvent elles arrivent à des moments clés par rapport aux rythmes que j’évoquais précédemment. Dans ces moments nous pouvons nous sentir devant un mur, dans une impasse, …
Souvent ce mur, cette impasse se révèlent être un seuil, un endroit de passage. Dans ces moments de la vie le travail biographique peut être particulièrement éclairant.
Parmi les sujets
rencontrés :
Sentiment d’être ballotté, hypersensibilité, manque de
stabilité, difficulté à faire des choix,
Stress, manque de temps, envahissement, difficulté à gérer le foisonnement de la vie,
Plus d’espace, responsabilités écrasantes, conflits, trouver sa place,
Perte de sens, ennui, sentiment de lassitude et de résignation, …
Il ne s’agit pas de promettre des réponses à ces questions mais de proposer dans l’accompagnement un éclairage stimulant, d’encourager la personne dans son effort, dans la réalisation du prochain pas qu’elle est la seule à pouvoir faire. C’est une ressource et un apprentissage dans le difficile exercice du questionnement.
Pratiquement
:
Soit en entretien individuel d’une heure et demi, une fois toutes les 3 à 4 semaines, soit sous forme d’atelier ou de stage autour de thèmes particuliers (voir agenda). La dimension sociale nous
amène à faire l’expérience des chemins biographiques d’autres personnes. C’est une occasion de se laisser toucher par le témoignage d’autres vies, de s’étonner de la richesse et de la diversité
des chemins singuliers. Surprises garanties …
Pour qui ?
Les âges de la vie où des personnes font un travail biographique varie énormément. Pour ma part celles que je reçois ont entre 25 et 80 ans. De ce fait les enjeux sont très variés.
Vouloir rassembler ses forces pour ouvrir le livre de sa vie, orienter l’histoire pour retrouver son chemin ou vouloir poser un regard apaisant sur toute une existence, sont des gestes très différents. Les types d’accompagnements le sont également.
Les personnes physiques mais pas seulement …
Pour finir je voudrais mentionner une dimension particulière qui intéresse également le travail biographique. Cette pratique s’applique avec bonheur aux organisations (associations, entreprises, institutions diverses). En tant que personnes (!) morales, elles ont aussi une biographie.
Elles aussi traversent des crises, passent par des périodes de questionnements. Elles ont une histoire et un avenir auxquels les humains qui les portent sont intimement liés.
Dans ces moments de changements, lorsque de nouvelles personnes arrivent et que d’autres partent, lorsque les dimensions changent, … ce travail biographique, enrichi par une approche spécifique de l’identité de l’organisation, permet de rendre les humains plus présents et plus sensibles à ce qu’elle cherche à devenir en lien avec les besoins du temps.
Philippe Clairfayt
Accompagnement Biographique et Médiation
octobre 2018
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